Janvier sans alcool - Reflet d'actualité, Ps Philippe Penner - Un regard chrétien sur l'actualité de la semaine

21 janvier 2022 - 1507 vues
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La tradition nous vient d’Angleterre. Elle s’appelle « dry january » entendez la traduction française « janvier sans alcool ». L’idée est simple. Après un mois de décembre festif chargé d’excès alimentaire mais surtout d’alcool, le corps a besoin de se purifier. Alors rien de tel qu’une petite cure d’abstinence.

Le but de ce défi est de ne pas boire une seule goutte d’alcool pendant un mois complet. Selon le docteur David Mété, chef de service d’addictologie au CHU Félix Guyon de Saint Denis, le mois sans alcool va apporter « un mieux être évident au corps après une période d’excès. » « Il va y avoir une meilleure qualité de sommeil et une perte de poids. L’état psychique des personnes et la forme physique vont s’améliorer tout comme la mémoire. On aura également plus d’énergie ».  En Bref, votre vie va changer.

Il est temps de faire un petit point sur notre consommation d’alcool. La France a un problème avec l’alcool. Selon l’Insee, en 2016, le français est le 8ème plus gros consommateur d’alcool pur. De fait, on y consacre pas mal d’argent puisque cela représente 707€ par an et par personne. Mais derrière ces chiffres, nous pouvons déjà deviner le fléau qui touche notre société. Dépendance, endettement, santé dégradée, hausse de la violence, accident de la route, maladie prématurée, accident vasculaire cérébrale, et la liste est longue, très longue des conséquences directes et indirecte de la consommation d’alcool.

J’imagine certain m’écoutant aujourd’hui me dire « oui, mais je maitrise ma consommation, je suis raisonné ». La recommandation médicale est de 2 verres par jour et pas plus de 5 jours par semaine soit au minimum deux jours d’abstinence par semaine. Il est toujours curieux de se dire que oui l’alcool est toxique mais un petit peu ça passe.

Une fois n’est pas coutume, je voudrais vous partager une tranche de vie. J’ai un rapport très particulier à l’alcool. Dans ma région d’origine on initie les enfants très tôt à l’alcool. Quand je dis très tôt c’est parfois dans le biberon, et ce n’est pas qu’une métaphore. Enfant on nous faisait gouter l’alcool sur un sucre, pour adoucir, le goût trop prononcé. C’était une sorte de rite initiatique. « Je te fais gouter ce que tu pourras boire quand tu seras grand, quand tu seras un homme » voilà ce que les adultes nous transmettaient sans dire un mot.

Je viens vous présenter mes excuses pour la violence des mots qui vont suivre. Des années plus tard, mon oncle s’est pendu car rongée par l’alcool. L’alcool l’a petit à petit éloigné de sa femme, de sa famille, de ses amis, puis il a sombré de l’alcool solitaire, l’alcool violent, l’alcool qui tue à petit feu. Etait-il dépressif ou l’est-il devenu ? Etait-il malheureux ou l’alcool l’a-t-il rendu malheureux ? Une chose est certaine, l’alcool ne l’a pas aidé mais bien au contraire, l’a détruit. Elle a distillé son venin petit à petit dans les fêtes, les anniversaires, les soirées entre amis et finalement l’a rongé de l’intérieur tant au niveau du ventre qu’au niveau de l’esprit.

Alors ne me dites pas que l’alcool à petite dose ce n’est pas grave. Quand j’étais pompiers dans 80 % des interventions que nous faisions dans les foyers, l’alcool avait joué un rôle dans un processus de destruction relationnel, émotionnel ou physique. En faisant un peu d’humour noir parfois nous disions que telle personne est blessée de manière légère ou grave. Mais soyons conscient qu’il n’y a pas de mort Legé ou grave. Un mort est mort. Et c’est bien là le problème avec l’alcool. Il n’existe pas de consommation anodine. La mort est présente dans chaque verre et elle se déverse petite à petit.

La Bible n’évoque pas le fléau de l’alcool. La vigne et son fruit sont souvent le signe de bénédiction, mais en tant que fruit. La consommation, elle, est rigoureusement interdite pour une catégorie de personne : Le prêtre. Deutéronome 32 l’évoque en ces termes : Le vin, c’est le venin des dragons, c’est le poison cruel des vipères ». Quelques verset en avant, le texte biblique parle de la sagesse du peuple, du manque d’intelligence, et de discernement. En tant que chef, les prêtres sont donc invités à montrer l’exemple de ce qui est bon.

Je voudrais terminer cette chronique en vous exposant très clairement ma pensée. Aucun produit toxique n’est bon, même à petite dose. Il n’est que l’amorce, la porte d’entrée, vers des malheurs beaucoup plus grands. Mon invitation n’est pas de faire un « dry january » mais une abstinence permanente, ainsi peut-être rendrons-nous notre monde moins malade, moins violent.

Philippe Penner.