Le survivalisme - Pr J. Camille

20 avril 2020 - 2058 vues
Télécharger le podcast

Reflets d’actualité :

 

Une approche chrétienne de l’actualité de la semaine…

 

Chronique hebdomadaire produite par la Coordination des radios locales de France avec le concours des professeurs de la Faculté adventiste de théologie, de pasteurs et de chroniqueurs bibliques.

 

Jethro CAMILLE : édito enregistré le mardi 14 avril – semaine 2020-16

 

 

Survivalisme : épurer l’imaginaire

 

Alors que l’industrie des smartphones travaille dur à nous faire croire que l’on ne peut pas vivre sans changer de téléphone tous les ans,

Alors que celle des sites de rencontres nous promet des partenaires idéaux une sexualité épanouie et libérée de toute contrainte tout cela grâce à une « app »

Alors l’industrie AgroChimique a déjà pris un pouvoir colossal une immense partie de l’agriculture mondiale et donc sur notre souveraineté alimentaire

Alors qu’une crise économique liée au COVID19 se profile, notre économie dépendant de la croissance et de la consommation

 

Un nombre croissant de canadiens s’entrainent à se dépouiller de tout, et à survivre en conditions extrêmes. On les appelle les survivalistes et ils seraient déjà près de 10000.

Dans un article du monde daté du 10 avril

Mathieu Hébert, survivaliste, relate qu’il a surtout acquis toutes les compétences pour survivre « des années ». Il sait faire du feu avec un bout de bois, tailler des silex pour les transformer en pointes de flèche, repérer les traces des animaux ­sauvages afin de comprendre ce qu’ils fuient ou vers quel point d’eau ils se dirigent, fabriquer ses propres vêtements ou encore prodiguer des soins d’urgence. Si la situation devait s’aggraver, son plan est prêt : il partira en forêt, « mon terrain de jeu », dit-il

 

 

Souvent raillés, traités d’oiseaux de mauvais augure, de paranoïaques, de doux rêveurs, Ils me semblent pour ma part avoir pas mal de qualités dont une retient mon attention : la capacité à changer de paradigme et à se projeter dans un monde complètement différent.

Un monde dans lequel les ressources, les activités, les loisirs, les relations humaines sont cadrées par des impératifs radicalement autres :

Pas question de se demander quand le dernière série aura sa nouvelle saison sur Netflix

Pas question d’aller chercher un tube de dentifrice ou un tube de Doliprane, il faut faire autrement.

La modernité n’est pas rejetée et ses objets sont utilisés mais l’emprise de la société de consommation sur nos imaginaires est battue en brèche.

Plus d’achat en un-click sur Amazon, d’objets recommandés que vous n’avez même plus besoin de chercher dans le magasin virtuel.

Il faut bricoler, revenir à un bon sens de base, être créatif, imaginatif.

il faut aller chercher les ressources, ne pas les épuiser trop vite, les améliorer

Échanger des trucs et astuces avec les camarades du groupe, oui, parce qu’il faut aussi un groupe soudé et collaboratif pour survivre dans la forêt canadienne en hiver.

 

La reconquête de notre imaginaire est un enjeu vital :

 

J’écoutais hier soir le président de la république parler de l’épidémie de COVID19 et il n’attend de la science que deux choses, comme la plupart des humains actuellement :

Un remède ou un vaccin. Pas un mot sur le repos, sur l’impact de saines relations sur la santé, sur la manière de renforcer naturellement le système immunitaire qui est pourtant notre tout premier laboratoire scientifique. Pas un mot sur l’alimentation, le tabac, l’alcool, le sport.

Non, l’industrie pharmaceutique a réussi comme bien d’autres à prendre la maitrise de notre imaginaire à tel point que tout ce que nous attendons est un vaccin, ou un médicament.

Pas de remise en question de nos styles de vie, pas de recherches et d’exposé sur une santé holistique, globale. Non, juste la pilule magique qui va régler tous les problèmes.

Vous mangez trop ? Pas de problèmes, voilà notre pilule qui fait fondre la graisse

Vous ne dormez pas, vous avez des troubles mentaux, ou la peau trop sèche ?  Pareil.

 

Ce que j’aime chez les survivalistes, c’est qu’ils se placent dans une situation d’inconfort telle qu’il faut s’adapter en permanence à la réalité, pour survivre.

Pas de réponses toute faites dans les bois, pas de pilule magique qui va tout régler. Il vaut sans cesse inventer et se réinventer, quitte à revoir en profondeur ses fondamentaux.

 

Souhaitons que cette crise du Covid amène au moins à une envie de se réapproprier nos vies nos modes de consommations, notre rapport aux choses, et surtout, surtout notre imaginaire, car c’est de là que tout procède.