Merci à toi Covid-19 - Reflets d'actualités - Joël Fayard

01 février 2021 - 2199 vues
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« Merci à toi Covid-19 »


En ces temps de crise dans lequel nous sommes actuellement tous plongés, que nous traversons bon an mal an et qui nous affectent tous, voilà bien un titre ultra provocateur n’est-ce pas ?
Il n’est pas de moi, et si je le reprends et le mets en exergue de cette chronique, c’est qu’après les premiers instants de trouble passés, j’ai voulu approfondir le sens que mon amie correspondante voulait donner à cette formule.
En ce début d’année 2021 et alors que chacun se demande si les autorités sanitaires et gouvernementales vont prendre la décision du troisième re-confinement en un an, continuant et participant à mettre ainsi à terre l’économie de l’Europe et de notre pays, des interrogations fusent et se font de plus en plus pressantes.
Faut-il refermer les écoles, interdire les activités professionnelles et les commerces dits « non essentiels », afin d’essayer de ralentir, voire d’éradiquer ce virus tentaculaire et aux propensions mondiales ?
Chaque pays essaie, teste, tente, se ravise, durcit ou allège telle ou telle décision. Certains nient et ne font rien ! Bref c’est vraiment le chaos généralisé.
Cela fait un an (triste anniversaire) que la Covid-19 est entrée dans notre actualité et ses conséquences et ses méfaits sont quotidiennement aux coeurs de nos préoccupations.
Je ne veux pas reprendre les très nombreux points qu’elle fait peser sur l’humanité car, vivants au coeur de la tourmente, nous en avons tous une vision précise et une bonne connaissance des nombreux sujets que concentre en matière de restriction cette pandémie.
Dès lors, comment oser cette formule choc de remerciement. Que peut-on trouver de positif ou à remercier dans ce virus qui depuis son apparition à tellement modifié nos vies ?
Pour nourrir cette réflexion, il nous faut remonter le temps, celle de l’avant Covid. C’était donc il y a à peine un an et un peu plus. Et que se passait-il donc en ces temps-là ? Mais rien, justement. Rien de notable en tous les cas et qui puisse retenir notre attention. La vie et l’industrie allait bon train et si certains ralentissements se faisaient sentir, chaque pays y allait de sa solution de relance économique car le maître mot c’était : consommer.
Consommez car c’est cela qui relancera l’économie. Il n’y avait qu’une stratégie possible, une seule : relancer la croissance, produire, consommer ; des biens, des services.
Et les publicitaires étaient là pour nous prouver que nous ne pouvions vivre ou serions tellement plus heureux si l’on pouvait se procurer tel ou tel appareil ou prestation indispensable.
Voyager, changer de voiture, des médias derniers cris, et en plusieurs exemplaires, pour chacun des membres de la famille, au bureau.
Nous allions au travail le plus souvent en voiture et profitant de tarifs particulièrement attractifs, nous partions en vacances à travers le monde ou dans de splendides croisières très abordables financièrement. La guerre industrielle entre Boeing et Airbus était à son comble car il fallait suivre ce marché florissant du transport aérien et fournir de quoi renouveler ou renforcer les flottes aériennes !
Les chantiers navals tournaient à plein régime produisant des dizaines de navires toujours plus gigantesques les uns que les autres afin d’accueillir les amateurs et touristes toujours plus nombreux. Les mines d’extractions de minerais rares destinés aux batteries de nos voitures et tablettes tournaient à plein et produisaient (sur le dos de travailleurs exploités à outrance) les
précieux minerais aux caractéristiques indispensables par l’industrie occidentale ou pour le moins celle des nantis et des plus riches.
Des voix s’élevaient pourtant pour dire :
– ATTENTION, à ce rythme, les ressources de la terre ne seront pas inépuisables ! Et nous pourrions avoir épuisé ces différents rendements et dans toutes sortes de ressources d’ici les 20, 30, 50 prochaines années, ou à la fin de ce siècle et ce de façon définitive. Que se passera-t-il alors ?
Des voix s’élevaient pour annoncer les conséquences dramatiques pour les prochaines générations car entre : changement climatique pouvant entraîner une montée des eaux, surpopulation, raréfaction des ressources naturelles, déchets ingérables, de l’eau potable, certaines voix l’annonçaient déjà : le cocktail allait se révéler dramatiquement explosif. Il fallait stopper tout cela tant qu’il en était encore temps.
Ces lanceurs d’alertes en tous genres n’étaient pourtant pas entendus.
Le profit immédiat, la demande, la croissance, la confiance aveugle dans la capacité de l’humanité à trouver des solutions faisaient que rien ne pouvait arrêter cette croissance aveugle exponentielle.
Soudain, survint, venue on ne sait trop d’où, peut-être échappée d’un laboratoire là-bas en extrême orient, certains affirmant même création humaine, on ne sait… En tous cas une souche virale inconnue se multipliant et traversant les frontières comme l’éclair à la vitesse de nos jets, reliant les extrémités de la terre en quelques heures, répandant et diffusant un virus en se mêlant aux marchandises et aux voyageurs, et commençant son oeuvre de destruction. Les premiers morts furent comptabilisés, victimes de ce que l’on appela : la Covid-19.
Ce que les lanceurs d’alertes affirmaient sans être écoutés, les précautions qu’ils réclamaient pour le bien de l’humanité sans être entendus, les interrogations qu’ils soulevaient et qui concernaient les prochaines décennies pour une juste répartition, et pour un meilleur emploi des ressources au service de l’humanité, tout cela allait être accompli et imposé par un virus.
Et le monde stupéfait découvrit brutalement qu’un minuscule grain de sable pouvait enrayer et bloquer les plus belles machines créées par l’homme.
La planète entière se confina et fut contrainte de stopper son expansion aveugle.
Alors vite, vite on se mit au travail pour résoudre cette crise qui avait plusieurs conséquences dévastatrices. D’abord bien sûr empêcher la maladie et la mort pour les cas les plus graves, mais aussi se débarrasser de cet empêcheur de consommer en rond !
Car on ne sait où est le plus grand danger : la maladie et la mort ou bien une économie arrêtée, signe d’un chemin vers la paupérisation à marche forcée.
Pour faire obstacle à la maladie et la diffusion du virus ce qui causait l’arrêt des activités humaines des entreprises mirent leur savoir à la confection d’un vaccin. C’est à ce point que nous en sommes en cette fin janvier 2021.
Et maintenant, comment allons-nous envisager l’avenir ? Tous ces efforts pour vaincre cette pandémie n’aboutiront-ils qu’à la possibilité de voir nos vies reprendre leurs cours comme par le passé, comme si rien ne s’était passé, sans en tirer le moindre enseignement et reprendre cette course en avant aux conséquences si dangereuses pour la survie de l’humanité ?
Et si tous, collectivement, nous nous posions quelques instants pour essayer de tirer les conséquences de ces avertissements qui nous disent : on ne peut pas traiter le vivant et ses ressources sans attenter à son devenir et donc à NOTRE devenir.
Tous les scientifiques le disent : si rien n’est fait au niveau du climat, de l’exploitation des ressources ou de la gestion de nos déchets, bref de remettre l’homme et le vivant au centre des préoccupations, alors des conséquences redoutables sont à attendre et à craindre pour les prochaines décennies.
Si la crise de la Covid-19 et la prise de conscience que rien ne pouvait et ne devait continuer comme auparavant pouvait être intégrée, comprise et suivi d’effets, alors cet incroyable cri prendra tout son sens lorsque nous dirons : « Merci à toi Covid-19 ».


Joël Fayard